L’enjeu des dépenses de viabilisation
A l’heure où les budgets de viabilisation explosent, la maîtrise des consommations est un passage obligé. L’enjeu est donc financier mais aussi écologique car la ressource en eau risque de décroître dans les années à venir.
Il existe bien des leviers d’action. Grâce à un outil de suivi quotidien des consommations, et de l’expérience livrée ici mon EPLE a pu :
- détecter des fuites
- modifier certaines pratiques.
Cela ne paraît pas grand chose ainsi formulé, mais à l’échelle d’un gros EPLE, nous avons baissé de 70% nos consommations d’eau, ce qui représente... plus de 40 000 € par an ! Oui, vous avez bien lu.
La preuve par les chiffres, pour les sceptiques
Ci-dessous la consommation en mètres cubes par mois sur six ans. Certains mois sont à zéro car il y a eu oubli de relevé, qui se reporte donc sur le ou les mois suivants.
Que permet un suivi quotidien des consommations ?
Avant de passer à la description de l’outil, comment donc un simple suivi permet d’obtenir de tels résultats ?
Élémentaire mon cher lapereau. Nos installations et nos pratiques en matière de consommations d’eau comportent des imperfections. Et nombre de ces imperfections passent sous les radars ; et s’il est bien connu que les petits rus font les grands fleuves, la correction de plusieurs imperfections génère de substantielles économies.
Deux exemples réels qui ont pu être mis en évidence par un suivi quotidien des consommations
1. Cas d’une fuite existant depuis plusieurs années non décelée sur un réseau de chauffage enterré
Le suivi des consommations d’eau et des moyennes journalières a montré qu’à la mise en route du chauffage, nous avions une très forte hausse des moyennes quotidiennes qui se maintenait jour après jour, avec donc la certitude d’une fuite sur le réseau de chauffage. A noter que depuis plusieurs années il y avait des soupçons qui étaient balayés par la CT et le prestataire de viabilisation.
Le suivi quotidien a permis d’avoir la certitude que ce réseau de chauffage n’était pas étanche.
En cherchant, nous sommes arrivés à une fuite sur la conduite située entre la chaufferie et le gymnase. Des outils de détection plus perfectionnés au gaz traceur hélium ont permis de localiser la fuite. Le principe est simple : il suffit d’injecter via un accès sur le réseau d’eau l’hélium, puis avec un détecteur à l’hélium faire la détection le long de la conduite.
La panne a été ainsi résolue. Notez bien que sur cette affaire l’économie ne se chiffre pas qu’en mètres cubes d’eau, mais aussi en chaleur gaspillée.
2. Cas d’une fuite existant depuis plusieurs années, non décelée, sur un réseau utilisé de manière ponctuelle
Cette fois, c’est en examinant avec les agent de maintenance les courbes de consommation quotidienne que nous avons été ébouriffés. À deux reprises en fin d’année scolaire, un pic de consommation est apparu.
Après quelques minutes d’échanges, une piste : "mais n’est ce pas ces jours-là qu’on remplissait le bassin de la cour d’honneur ?" Bingo !
Je vous laisse deviner la suite : nous avons identifié une grosse fuite sur l’antique réseau servant à remplir le bassin susdit. Ci-dessous la courbe qui nous a permis de déceler la fuite, qui serait passée incognito sinon et qui perdurait depuis des lustres.
Quel système avons-nous utilisé ?
Jusqu’alors nous ne disposions que de deux outils, le relevé visuel et fastidieux de l’index du compteur par un agent de maintenance, et celui du technicien de notre prestataire pour la viabilisation. Autant dire que vu l’accessibilité du compteur, il n’était pas possible d’avoir un relevé quotidien.
Il a donc fallu imaginer autre chose. Et c’est un professeur qui a eu l’idée du compteur d’impulsions sur le compteur d’eau. Chez nous le projet a été porté par des étudiants de la filière électrotechnique et malgré sa relative simplicité il n’est pas directement déployable par un agent de maintenance, sauf à ce qu’il soit débrouillard ou qu’il travaille avec le prof de techno.
Ce compteur d’impulsions se clipse sur le compteur d’eau (attention il faut choisir le bon calibre) et transmet en temps réel les consommations à un système qui analyse et produit une interface graphique consultable par internet, jusqu’au report sur un téléphone portable.
Nous en avons profité pour déployer également un réseau de sondes de mesures (température, humidité, COV et CO2 notamment) qui sont reliées à un récepteur commun. Le bilan d’utilisation des sondes de températures sera également présenté dans un prochain article.
Ci-dessous la présentation de l’architecture et des équipements.
Deux copies d’écran des tableaux de bords qui d’un coup d’œil permettent de savoir où nous en sommes des différentes mesures. Ces tableaux de bords sont très pratiques le matin en hiver où je peux déclencher une intervention AVANT les plaintes des usagers qui apprécient cette réactivité.
Vous voyez que pour une somme plutôt modique on peut s’équiper tout à fait correctement. Avec un résultat professionnel. Néanmoins le paramétrage et le déploiement ne sont pas à la portée de tous. Mais il devrait vous donner des idées sur l’intérêt d’avoir un suivi quotidien de vos consommations.