A l’origine de cette dynamique, l’argent public, via la recherche universitaire en particulier. Entretemps, le bénévolat des geeks passionnés et quelques grosses entreprises qui ont su y voir leur intérêt ont largement pris le relais.
On va vraiment continuer comme cela longtemps ?
Pendant ce temps, et ça dure, les administrations publiques, d’éducation en particulier, se sont vautrées dans la facilité de l’utilisation de logiciels privateurs, avec comme conséquences les catastrophes suivantes :
- problèmes de sécurité informatique immenses du fait de la qualité déplorable des produits vendus fort chers, des problèmes de mise à jour quand il leur tombe un oeil, des versions pirates de ces logiciels qui circulent un peu partout
- probable boulevard ouvert par les réels propriétaires de ces logiciels aux services d’espionnage de leur pays d’origine
- destruction de l’essentiel de ce qui pouvait exister d’industrie logicielle en France et en Europe, dans un milieu où la concurrence est totalement faussée par des abus de position dominante et le non-respect des standards
- l’équivalent un an du PIB français versé au seul Microsoft par l’économie de l’Union Européenne en 20 ans (et il y a des gens qui se plaignent d’être taxés !)
- concernant l’éducation, habitude de former les enfants sur des logiciels pas à jour (cela serait trop cher), mais paradoxalement en utilisant le prétexte grotesque que ce sont justement les logiciels dominants que les futurs adultes rencontreront
- gaspillages en équipement de matériel informatique du fait de l’inefficacité toujours galopante des logiciels privateurs, là où un système libre fonctionne à merveille sur une machine de 12 ans d’âge
Notre premier ministre nous a demandé de changer de pratique, les effets se font attendre.
Le Logiciel Libre n’est pas gratuit
Si l’on peut librement utiliser un logiciel libre sans contrepartie, faut-il s’en contenter ? Cette position est-elle moralement acceptable et économiquement durable ? Certainement pas. Et pourtant, nos administrations sont bien pauvres en moyens.
Et bien justement, le Logiciel Libre, c’est pas cher. Si quelqu’un a besoin d’un logiciel précis, l’écosystème libre fait qu’il est très souvent assez simple de trouver les briques logicielles préexistantes nécessaires à la construction de ce qui est souhaité. De plus, dans la plupart des cas le code est réalisé dans un langage connu de nombreux développeurs et correctement documenté, pour faciliter justement la collaboration entre programmeurs.
Toutes les conditions sont donc réunies pour qu’une administration puisse passer commande d’un logiciel, avec une réponse en Logiciel Libre qui soit à la fois la moins-disante et la plus efficace, sans pour autant étrangler la rémunération des professionnels de l’informatique.
Le ministère de l’économie et des finances vient de publier un guise pour l’établissement de marchés publics en ingénierie de logiciel libre : http://www.economie.gouv.fr/logiciels-libres-conseils-a-redaction-clauses-propriete-intellectuelle-pour-marches
Alors, chiche qu’on tente le coup sur nos petits MAPA ?
Mais qu’est-ce que que mon établissement pourrait bien commander ?
Il n’est pas certain que le gestionnaire de base dans l’EPLE de base se retrouve confronté à un besoin logiciel qu’il ne saurait pas comment remplir. Mais dès que l’on se déporte vers des fonctions plus complexes comme la mutualisation ou les Greta, on peut rencontrer des difficultés qu’une bonne solution informatique règlerait.
Dès lors, il faut exiger que si une solution est construite à l’initiative d’un établissement public, et donc avec de l’argent public, le résultat en soit versé sans réserve dans le domaine public, en particulier pour rendre possible son usage par tous les collègues qui auraient les mêmes besoins.
C’est l’état d’esprit de la rubrique de l’IZ sur les applications en base de données, de s’échanger sans réserve des outils conçus par des collègues. Or le principal défaut de ces applis est d’être construites avec Microsoft Access : le module Base de LibreOffice est actuellement inutilisable dans cette perspective-là. Et si on payait des développeurs pour que cela change ? Mais je rêve...
Encore plus fou : il n’y a pas que des logiciels immatériels qui sont sous licence libre. Du matériel aussi. Au début ce n’était que de l’électronique, et puis en en vient à l’énergie : l’éolienne libre, par exemple : http://www.aeroseed.com/innovation/eolienne.php