Les légionelles, quelques pistes pour s’en débarrasser

Contexte

Traditionnellement les légionelles se développent dans les réseaux d’eau chaude sanitaire (ECS). Dans les EPLE avec des douches dans les internats, les gymnases et les vestiaires des personnels, des prélèvements obligatoires sont effectués sur les réseaux d’eau chaude.

Le problème concerne les EPLE équipés de douches puisque la légionellose qui est une maladie pulmonaire s’attrape par les gouttelettes contaminées qui sont inhalées : donc les internats et les gymnases, mais aussi le vestiaire des ATTEE.

Ces prélèvements sont généralement effectués au mois d’août, car l’eau stagnante dans les réseaux pendant la période de fermeture estivale favorise la multiplication des légionelles. On prélève en théorie au niveau de la production, sur dernier terminal (douche) du réseau, et en retour de boucle.

Les résultats sont connus une dizaine de jours après les prélèvements, et doivent être en-deçà de seuils fixés par la réglementation.

Avec les canicules estivales les légionelles, qui se développent entre 20 et 45°C, se retrouvent de plus en plus dans les réseaux d’eau froide.

Comment s’en prémunir ?

Il existe des solutions de prévention et du curatif.

En matière de prévention, les pistes suivantes sont les plus connues :

1. La réalisation de purges régulières ; notamment au retour des vacances
2. L’entretien régulier des installations ECS et en particulier les ballons, les échangeurs
3. La suppression des bras morts
4. La mise en place d’un adoucisseur si ce n’est pas déjà fait
5. Le détartrage et la désinfection au moins une fois par an de la robinetterie

En curatif, il existe trois principaux traitements :

• le choc thermique,
• le puisage ou rinçage
• et le choc chloré

Le choc thermique

Cette technique consiste à envoyer de l’eau la plus chaude possible à partir de la production (chaudière ou ballon ECS) car les légionelles sont éliminées à une certaine température. Malheureusement, les mitigeurs qui évitent les brûlures par l’eau chaude dans les douches rendent cette opération de moins en moins efficace.

Le puisage ou rinçage

Il s’agit de faire couler de l’eau dans les réseaux afin de favoriser l’élimination mécanique de la légionelle, qui ne développe pas de colonies, en théorie, dans les réseaux où l’eau circule.

Le choc chloré

C’est la solution chimique qui consiste à injecter du chlore dans le réseau (généralement directement au niveau de la production si c’est possible) afin d’éliminer les légionelles.

Ces trois traitements sont possibles en préventif et en curatif. Ils fonctionnent tous les trois sur les réseaux d’ECS.

Mais sur les réseaux d’eau froide, il en est autrement

En effet, il est très difficile de faire un choc thermique sur un réseau d’eau froide, sauf à effectuer une coupure, ce qui n’est absolument pas conseillé.

Le choc chloré pour des raisons de santé publique évidentes ne peut également pas être envisagé sur un réseau d’eau potable.

Il reste donc ce bon vieux rinçage ou puisage. Il a le mérite de bien fonctionner même si cela consomme quelques centaines de litres d’eau. Mais il nécessite de respecter quelques règles.

Comment réaliser un puisage efficace ?

Règle n°1

Il ne faut pas avoir peur de puiser longtemps et de grandes quantités d’eau, car selon la structure, la contamination est susceptible d’avoir gagné une grande partie de votre réseau si ce dernier est exposé à des températures supérieures à 25°C. A la limite, avec force tuyaux, il devrait être possible d’utiliser l’eau gâchée pour de l’arrosage, mais cela ne devrait pas mettre en péril l’objectif principal, qui est d’éliminer un danger mortel.

Règle n°2

Privilégier les puisages par un robinet. Le puisage par les douches est celui qui est prescrit et le plus naturel mais c’est un puisage qui n’est pas pratique et est assez peu efficace si la légionelle a contaminé une grande partie du réseau. En effet, la plupart du temps les douches fonctionnent avec un presto muni d’un arrêt automatique qu’il faut donc actionner un grand nombre de fois.

Il convient donc de privilégier les puisages par les robinets des locaux techniques des agents où se trouve généralement un vidoir ou un évier. Les puisages par les chasses d’eau des sanitaires sont également efficaces.

Règle n°3

De la méthode ! Il faut commencer par puiser de grandes quantités d’emblée. Partez de l’arrivée du réseau dans le dortoir ou le bloc sanitaire, et avancez progressivement dans vos puisages jusqu’aux terminaux de douches.

Il faut commencer par les blocs douches situés en amont du réseau afin d’être le plus efficace possible.

Les puisages : faut il les réaliser avant ou après les prélèvements ?

Comme dit plus haut, ces puisages sont efficaces en préventif et en curatif.

En préventif ils permettent de ’nettoyer’ son réseau des éventuelles légionelles et ainsi d’avoir des prélèvements sous les seuils et donc une bonne sécurité pour les usagers dès la rentrée.

En curatif dans le cas où des prélèvements sont positifs, les puisages permettent également de repasser sous les seuils.

La difficulté est qu’en cas de prélèvements positifs dont les résultats sont connus aux alentours du 20-25 août, le temps de mettre en œuvre un traitement curatif et de procéder à de nouveaux prélèvements, les résultats ne seront pas connus avant la rentrée, alors que faire ?

Il existe une solution technique guère pratique, mais qui permet d’ouvrir vos internats ou les vestiaires de vos personnels en toute sécurité : avec des filtres qui se mettent sur les terminaux de douche.

Ils sont efficaces mais ont trois gros inconvénients :

1. ils sont assez chers
2. ils réduisent considérablement le débit des douches
3. ils se colmatent facilement, ce qui aboutit à ce qu’il n’y ait plus d’eau qui coule

Cela peut constituer une solution temporaire, le temps donc de réaliser un traitement curatif et de retrouver des taux compatibles avec la mise en sécurité de vos usagers.

Si vous avez d’autres éléments sur ce sujet afin de le compléter, n’hésitez pas à nous en faire part !

Dans tous les cas, rapprochez vous des techniciens et notamment de votre OP ou de votre plombier si vous en avez un. En effet, la connaissance de la structure du réseau est rarement disponible sous forme de plan à jour.

Il faut donc s’appuyer sur la connaissance des intervenants pour être efficace, à condition de bien expliquer l’objectif qui est toujours de commencer au plus près des arrivées d’eau pour effectuer les premiers puisages et ensuite progresser dans les puisages jusqu’aux terminaux des douches.

Comme expliqué dans le précédent article de notre site sur la légionelle, le problème vient le plus souvent de bras morts de l’installation, de locaux où l’on ne puise jamais (les WC du bout du bâtiment qui étaient tout le temps dégradés, transformés en stockage de n’importe-quoi...). Il est intéressant de prendre des notes lors des travaux de puisage de prévention, de mettre des étiquettes ou des coups de feutre pour signaler les tubes qui pourraient utilement être raccourcis, déposés, isolés.