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Le compostage en EPLE, ça marche !

samedi 21 mai 2011, par L’intendant zonard

Mieux que le recyclage, presque aussi bien que la réduction à la source des déchets, laissez la nature transformer vos déchets verts en fertilisant qui améliorera vos plantations ornementales futures !

A se demander pourquoi on ne le fait déjà tous, car, cet article vous l’expliquera, tout EPLE disposant d’un tout petit peu d’espaces verts peut le faire et cela ne pose aucun problème.

Quel est le gisement de déchets à composter ?

Deux grands gisements : la tonte et la taille des espaces verts, d’une part, et d’autre part les déchets alimentaires, donc la demi-pension ou les logements. Et rien n’interdit de proposer aux personnels de l’établissement d’apporter leurs propres déchets verts s’ils le souhaitent. Le proposer aux élèves est peut-être aventureux, mais s’il y a des gens pour s’y aventurer, dans le fond...

Il y a quelques contre-indications, bien entendu, pour chacun des gisements : pour le premier, les feuilles de platane ou la taille des résineux ; pour le second, les pelures d’oignon ; les écorces d’agrumes ne sont pas très souhaitables (entre autres du fait de leur acidité), mais sur un gros volume elles sont bien digérées. Les déchets alimentaires d’origine animale sont à éviter en général, parce qu’ils attirent des animaux, et parce que des bouts d’os qui dépassent de vos rosiers, ça serait un poil sinistre.

Quels composteurs choisir ?

J’ai cherché durant des mois à acheter de grands composteurs en bois, pensant bien faire. Les fournisseurs que j’avais trouvé pour ces objets, à des prix élevés, n’ont jamais été capable de répondre à ma commande, et m’ont fait perdre six mois.

Entre temps, j’ai eu une petite conversation avec un agent des espaces verts de ma commune, qui m’a alerté sur le fait que les composteurs en bois ont tendance à assécher le compost, qui marche moins bien, et qu’il recommandait les boîtes en plastique, qui pour être un peu moins jolies, sont largement plus efficaces et moins chères.

Je suis donc parti au magasin de bricolage du coin, où j’ai acheté cinq composteurs de 600 litres en résine, qui étaient en stock et coûtaient moins de 50 écus chacun. Probablement à moyen terme, l’idéal est de construire un cadre en bois qui renforce les boites en plastique tout en apportant une plus-value esthétique. Mais attention, le bois va souffrir, parce que quand c’est bien vivant, ça bouffe tout !

Où installer les composteurs ?

Il est nécessaire de les placer sur un sol naturel, pour permettre des échanges d’organismes vivants : lombrics et autres bêbêtes, qui varient au fil du mûrissement du compost.

A priori, on est tenté de les mettre à l’écart, et chacun comprendra que la proximité de ces objets d’une cuisine appliquant l’HACCP n’est pas une bonne idée, mais pour le reste il y a vraiment très peu d’odeur ou autres nuisances.

5 composteurs de 600 litres

Chez moi je les ai mis au bout du parking. Cet emplacement s’imposait pour moi, et serait parfait sans les gamins à la recherche de matériaux pour faire joujou au blocage du lycée (avec des plaques de plastique pesant 400 g chacune, c’est d’une intelligence rare, enfin bref). Cette péripétie a un peu plus retardé le bon démarrage du dispositif, mais maintenant que les boîtes se remplissent, elles devraient être à la fois moins tentantes et plus respectées pour la prochaine séquence d’agitation.

Tels que la photo ci-dessus les montre, ces composteurs ont encore besoin d’une petite chose : un numéro sur le ventre, pour bien les distinguer, à faire probablement avec un pochoir et une bombe de peinture. On peut ainsi dire, sinon afficher, que c’est le n°3 qu’il faut remplir en ce moment, et laisser les autres tranquilles : c’est important.

En effet, c’est le volume qui fait la qualité du compostage, puisque l’activité biologique intense permet, à certaines phases bien précises, notamment la montée en température de la masse. Cela peut monter au-delà de 70°C, ce qui stérilise les graines et permet d’utiliser le compost comme terreau neutre sans que ne se mettent pousser plein d’autres trucs que vos plantations, là où vous l’utilisez.

Qui remplit, comment, et qui entretient le tout ?

Avant d’investir, je m’étais assuré de la bonne collaboration du personnel de cuisine. La légumerie a pris sans hésitation l’habitude de trier ses déchets, l’essentiel partant au compost. Chaque matin, j’ai donc un agent quittant la cuisine pour verser les restes de légumerie dans le composteur, et cela semble parfaitement convenir à tout le monde.

Mise à jour mars 2013 : j’expérimente en ce moment des sacs poubelle biodégradables compostables : ainsi les personnels de cuisine n’ont qu’à balancer leur sac, refermer le couvercle sans aucune autre manipulation. Ils apprécient beaucoup, et ces sacs ont l’air de correctement réagir dans les conditions de mes composteurs.

Déchets de légumerie frais sur le tas

Le travail de remuage du compost, et son éventuel amendement, est assuré par l’OP de maintenance : en fait avec un gros composteur hors sol, planter une pelle dedans tous les quinze jours est amplement suffisant. j’insiste vraiment : c’est très peu de travail. Il faut accepter de le faire, mais il n’a rien de pénible.

La tonte de mes espaces verts est confiée à une EMOP spécifique, qui a reçu consigne de verser les déchets de tonte dans les composteurs, ça leur évite de devoir repartir avec, et de les décharger moyennant finances dans une déchetterie (c’est l’Île-de-France, ici...)

Quel équilibre et amendement éventuel du compost ?

Il convient de veiller à l’équilibre du compost en termes d’humidité : trop humide, il se tasse et pourrit, faute d’oxygène ; trop sec, il ne se passe rien. En général la légumerie fournit un compost trop humide, et la tonte quelque chose de trop sec. Si tout se passe bien, vous devriez obtenir un équilibre entre les deux.

Si l’un l’emporte sur l’autre, il faudra prendre des mesures correctives. Si c’est trop sec, parce que vous avez de grands espaces verts et beaucoup de tonte par exemple, le plus simple sera souvent de laisser le couvercle ouvert, pour que l’eau de pluie rentre. Si les déchets alimentaires humides dominent, vous pouvez y mélanger de la sciure de bois. Un lycée pro de menuiserie dans le coin pourra vous en fournir, si elle est compressée pour être déplacée, ça sera encore mieux.

A priori, sur de grandes quantités et avec un bon équilibrage, vous ne devriez jamais avoir besoin d’activateurs ou autres.

C’est vivant, pas de nuisances ?

Quand je soulève le couvercle d’un composteur en cours de chargement, il y a une sacrée nuée de moucherons, je reconnais. Mais pas d’odeur. Je suis toujours étonné qu’il y en ait si peu. Quand on le retourne à la pelle, de temps en temps, là on peut en réveiller, mais plus c’est fait régulièrement, moins il y aura des poches malsaines dans le compost qui pourrissent et produisent des parfums désagréables.

Compost en cours d’avancement

La photo ci-dessus aurait mérité plutôt une vidéo : au moment où j’ai ouvert le couvercle pour la prendre, il y a eu un grouillement incroyable qui a disparu sous la surface en deux secondes ! Cet état est atteint deux ou trois mois après avoir cessé de charger.

Autant le préciser : remélanger du compost prêt ou bien avancé avec des déchets frais, c’est une ânerie à éviter soigneusement. D’où l’intérêt d’avoir plusieurs boîtes.

Un an après le début de son remplissage, cette boîte me fournira un terreau naturel très fertile et parfaitement sain, que l’on pourra utiliser pour toutes les plantations, rempotages ou amendements de sol que l’on voudra bien.

Le bilan carbone est-il vraiment si bon ?

Dans mon environnement urbain, les déchets sont brûlés en usine d’incinération. En réfléchissant un peu, on se rend compte que brûler des déchets gorgés d’eau de la légumerie n’est absolument pas une bonne idée, que pour que cela marche l’incinérateur est obligé d’ajouter un combustible de bonne qualité, fossile à 99%.

Ajoutez-y le transport de ces déchets. Certes il y aura nécessairement et inéluctablement des transports en bennes, mais si on en limite le poids, c’est autant de gagné.

Et au final, ce que vous compostez, composé essentiellement de carbone, est minoritairement mangé et respiré par des animaux et micro-organismes composteurs, donc rejeté en CO², mais sa plus grande part se retrouve dans ce que vous réinjectez dans le sol, où sa qualité aidera les plantes à qui vous le donnez de mieux encore piéger du carbone. Bilan excellent, et ce ne sont pas les quelques kilos de plastique des composteurs qui doivent vous faire hésiter !

Il y a-t-il un intérêt pédagogique ?

Le grouillement des animaux composteurs évoqué ci-dessus ne devrait pas laisser de marbre un prof de SVT à l’affût de situations expérimentales concrètes. Si, enseignant de cette discipline, vous me lisez, n’hésitez pas à réclamer à votre équipe de direction que l’établissement se mette au compostage ! Elle devrait trouver ça sûrement moins aventureux que la mare pédagogique...


Je vous indique un seul site pour aller plus loin->http://www.compostage.info/], mais il y a des centaines de ressources disponibles, et d’excellents bouquins sur le sujet (à faire acheter par le CDI dans le cadre de votre éco-projet ?)

Messages

  • Nous allons faire exactement la même chose ici avec les déchets de 2 cuisines pédagogiques en plus de celle du restaurant scolaire et des déchets verts de l’établissement.

    Je viens d’obtenir la subvention pour l’achat du bois nécessaire à la construction de 4 composteurs de 1,5 m3 et d’un broyeur de végétaux pour l’homogénéisation du compost et pour le Bois Raméal Fragmenté (cf. entrée BRF sur ce site).

    Je vais examiner l’option plastique. En revanche je pensais les remplir en parallèle...

  • Merci pour toutes ces infos !
    Nous allons également nous lancer avec 4 composteurs de 900l pour nos déchets du restaurant scolaire (160 repas/jour) et pour le restaurant pédagogique. Je voudrais savoir si tu continues et si ça fonctionne à long terme.
    Je trouve l’idée des sacs biodégradables idéale, quel a été le bilan ? Où les trouver ?
    Par ailleurs comment gères-tu le tri des déchets d’assiette ? Ce sont les élèves ou bien les agents ?
    Merci encore de partager cette expérience avec les collègues.

    • Cela fonctionne parfaitement à long terme. Les résultats de l’utilisation du compost sur les plantations dans l’établissement sont presque incroyables : des rosiers qui étaient éternellement bouffés de pucerons, entièrement débarrassés des sales bêtes après l’ajout de quelques pelletées sur le pied.

      Attention, on ne peut pas composter seulement des déchets de cantine, il faut impérativement équilibrer en ajoutant de la tonte ou une autre ressource plus riche en cellulose et moins riche en azote. Comme chez moi il y a assez peu de tonte, et surtout de manière trop irrégulière, je rééquilibre avec de la sciure de l’atelier de menuiserie. C’est vrai que tout le monde n’a pas cela sous la main...

      Je n’ai jamais voulu me lancer dans le tri des déchets d’assiette : entre l’humidité trop importante, la présence de matières animales, d’opercules de yaourts et tout le toutim, cela serait vraiment infernal à faire. Pour tirer quelque chose de ce gisement, je ne vois que la méthanisation, un jour un proposera bien à la vente des unités de méthanisation de petite taille adaptée à nos besoins, va savoir.

      Les sacs biodégradables c’est jouable, mais cela ralentit quand même le processus de compostage : sauf à assurer un mélange régulier à la fourche, les sacs vont faire une barrière à l’air, et favoriser le pourrissement par rapport au bon compostage. A terme tout sera composté quand même. Je les ai achetés à un atelier protégé qui me les a vendus au prix du platine 999/1000e, si ça se trouve depuis mon agent-chef a trouvé une autre filière.

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