De quoi s’agit-il précisément ?
Je ne m’intéresse pas aux solutions dites de contrôle d’accès, terme par lequel on désigne une certaine manière de sécuriser l’accès à une ou quelques portes. Ce qui m’intéresse, c’est la perspective de remplacer l’ensemble de l’organigramme des serrures d’un EPLE par des systèmes électroniques, qui aujourd’hui sont technologiquement mûrs ou tout comme.
J’ai donc poussé mon étude sur les systèmes autonomes pouvant remplacer, sans changement fondamental des usages, les serrures et barillets que nous avons sur chaque porte de chaque salle de cours et autres.
Quel intérêt ?
J’en vois plusieurs : il y a d’abord le fait qu’il n’y a plus de trou de serrure nécessitant d’être "amélioré" avec du chewing-gum. Ensuite, si une clé est perdue, on peut la désactiver. Et tous les avantages de la gestion fine des autorisations : pour la sécurité d’abord, mais aussi pour la souplesse qu’elle autorise. En effet, changer une salle de destination n’est plus un problème, on change les paramètres en quelques clics et c’est immédiatement fonctionnel.
Serrure ou barillet ?
Il existe des solutions concernant uniquement le barillet, d’autres comprenant la béquille.Un petit schéma d’abord pour les lecteurs qui manqueraient de vocabulaire :
Le bloc béquille tout d’abord : c’est le genre de truc que vous avez probablement croisé dans un hôtel. Le gestionnaire se dit en voyant ça : ’hoho, ça coûte forcément plus cher, avec tout ce métal qu’il faut faire joli et solide à la fois." Et ce n’est pas entièrement faux. Mais ce type d’équipement est quand même à considérer pour certains usages.
En effet, un système à bloc béquille suppose que la béquille elle-même soit désactivée quand on ne vient pas tout juste de soumettre le bon badge-clé. C’est donc approprié si vous souhaitez qu’une porte reste fermée en permanence à ceux qui n’ont pas la clé, et qu’il n’y ait aucun risque d’oublier de reverrouiller derrière soi.
Ce genre d’engin remplace la béquille et la plaque de propreté existantes, et il n’y a plus de barillet. C’est aussi assez adapté aux locaux dont la sortie doit toujours rester libre, c’est le cas de nos salles de cours. À noter toutefois : ces engins peuvent parfois nécessiter une modification de la porte pour qu’ils puissent y être intégrés.
Le barillet électronique autonome
Intéressons-nous alors aux barillets électroniques. L’intérêt pour nous est très évident : un coup de tournevis pour enlever le vieux barillet mécanique, on met le truc moderne à la place, on revisse, et le travail est terminé. Trente secondes montre en main, moins avec une visseuse électrique.
Les fonctions sont exactement les mêmes : c’est pour verrouiller la porte. S’il y avait une béquille, elle sert comme avant et on entre si l’on n’a pas demandé la fermeture. S’il n’y avait pas de béquille, alors seul le barillet commande la porte et il faut donc la clé électronique pour ouvrir.
Comme pour les barillets mécaniques, on en trouve de toutes les variétés : avec bouton moleté (celui qui nous concerne le plus), rallongés, demi-barillet... Deux types d’appareils m’ont été présentés.
Le barillet à grosse poignée qui fait BÎP
Dans ce modèle, l’électronique et la pile sont logés dans une sorte de poignée qui dépasse nettement de la serrure.
Ce type d’appareil est proposé par la majorité des gens qui ont répondu à ma demande de devis. Il répond à la question de ne pas pouvoir saboter la serrure en introduisant des corps étrangers dans un petit orifice, mais en revanche, j’imagine parfaitement mes élèves péter cet objet dépassant de la porte d’un bon coup de tatane. C’est très certainement très solide, mais les murs de mon lycée aussi, et pourtant...
Le barillet ultra-compact
J’ai trouvé très intéressante l’offre de Winkhaus est d’une compacité parfaite, pas un millimètre de plus qu’un barillet classique. Pour autant l’autonomie n’est pas plus faible que les autres modèles, semble-t-il.
En revanche, tout à faire en sorte que l’usage de ce matériel soit pleinement conforme à celui d’un système habituel, le concepteur a maintenu un orifice dans lequel la clé est insérée. Il y a donc ici pour les plus sympathiques de mes élèves un truc à tenter de saboter en le bouchant. Mais cette petite cuvette lisse de 3mm de large serait alors nettoyée en un seul coup de pointe en métal, instantanément et sans coup férir.
Et les clés ?
On voit de tout : des cartes de type carte de crédit, des trucs qui ressemblent à des clés, ou même des autocollants contenant la puce et qu’on peut mettre un peu où l’on veut.
La puce en question, c’est de la technologie RFID. Il y a plusieurs options, mais globalement pour nos profs,les modèles où la clé contient une pile représentent un risque supplémentaire d’ennuis.
Je ne suis pas rentré dans les détails concernant les technologies de ces clés, mais globalement les technologies utilisées font il est extrêmement improbable que le système puisse être détourné et que des puces n’étant pas directement implémentées par l’établisse ment permettent d’ouvrir la moindre porte.
Si le matériel Winkhaus décrit ci-dessus prévoit notamment d’introduire la clé dans un orifice, c’est justement pour que la communication entre la clé et le barillet soit à extrêmement courte distance, avec deux avantages : il devient difficile d’écouter les signaux transmis pour tenter de les contrefaire, et cela utilise moins d’énergie à prendre sur la pile du barillet.
Penser des usages connexes
On peut aussi demander des détecteurs intégrés dans un mur, y compris à l’extérieur : par exemple pour ouvrir le portail du parking.
Mais on peut aller plus loin, en utilisant l’identification par ces clés : pour le photocopieur, l’emprunt de livres au CDI ou la distribution de repas à la DP (Turbo Self, bien connu des EPLE sur ces prestations, m’a envoyé une proposition). Certains systèmes sont plus adaptés que d’autres à ces usages étendus.
Quels locaux équiper en priorité ?
Les gens que j’ai rencontrés disaient assez souvent que ces systèmes seraient utilisés d’abord pour la porte du bureau du chef d’établissement ou du gestionnaire. C’est idiot : l’intérêt pour moi de ces trucs, c’est pour les locaux ayant de nombreux visiteurs différents, les salles de cours dans notre cas.
Pour mon étude de marché, j’envisageais d’équiper en priorité les petites salles n’ayant qu’une seule porte, les plus marrantes à saboter, si vous voyez ce que je veux dire. Pour les salles ayant deux entrées, l’idée était d’équiper d’abord celle qui sert concrètement, la sortie de secours pouvant attendre en conservant son barillet mécanique.
Cela dit, si vous avez des locaux vraiment sensibles, où le contrôle strict des accès semble vraiment utile (réserve de matière d’œuvre...), alors les solutions électroniques sont intéressantes aussi.
Quelle est l’autonomie de ces appareils et leur comportement en cas de rupture d’alimentation électrique ?
Les piles contenues dans ces appareils sont limitées en nombre de manipulations. Le chiffre annoncé varie entre 6 000 et 18 000, et le bon sens nous permet de calculer 6 x 5 x 36 = 1080 ouvertures par an d’une salle de classe, c’est un maximum. Donc il y a de la marge.
Il y a aussi la limite de durée de vie de la pile : en général il s’agit de piles lithium qui résistent très bien dans le temps : elles sont garanties cinq ans mais en général elles rendent des services plus longtemps encore.
Bref, il n’y a pas trop souvent à changer les piles, et on peut considérer qu’une campagne générale de changement tous les quatre ans met à l’abri de l’essentiel des désagréments.
Toutefois il y aura forcément un moment où une serrure commencera à manquer d’énergie. Les fabricants, qui savent que les utilisateurs ne sont pas encore habitués à ces produits, cherchent à faire en sorte de les alerter avant que le système ne marche plus normalement. Il y a des bips plus nombreux, ou des lumières rouges, ou même une frimousse pas contente :-( qui apparaît. Ou on est obligé de tourner deux fois sa clé au lieu d’une...
Dans tous les cas, il est certain que en aucun cas même sous la torture un seul prof ne viendra jamais jusqu’à l’intendance signaler que la serrure avait quelque chose à lui dire. Donc il est inéluctable que un jour ou l’autre les portes seront immobilisées. Comment faire alors ?
Dans ce cas, c’est l’outil utilisé pour programmer les serrures, ou une autre source d’alimentation extérieure, qui permettra d’ouvrir une dernière fois le barillet avant de lui changer sa pile.
Et le pilotage des clés et autorisations ?
C’est tout l’intérêt de ce système : si un élève barbote la clé de son prof, dès le lendemain cette clé ne sera plus qu’un bout de plastique sans intérêt ni utilité. En effet, dans un tel système, le gestionnaire a sur son PC un logiciel dans lequel il active ou désactive chaque clé pour chaque serrure. Si vous voulez donner accès d’une salle donnée aux profs de sciences d’un seul bloc, c’est un clic et tout est réglé.
Enfin ça dépend du logiciel, certains doivent être mieux fichus que d’autres, mais je ne suis pas allé aussi loin.
On peut aussi gérer les autorisations en termes d’horaires : aucune raison a priori d’autoriser un prof à accéder à sa salle en pleine nuit. Et oui, les barillets savent l’heure aussi.
Ensuite, on transfère la base de données à jour dans un dispositif mobile, et il suffit de se balader jusqu’aux serrures concernées pour transmettre les nouvelles informations sur le terrain.
Cela suppose encore, me direz-vous, de faire le tour des bâtiments pour reprogrammer les serrures lorsqu’une clé est volée. Certes bien, mais entre ça et devoir changer toutes les serrures ou se résigner à être dévalisé...
Big brother ?
Bin oui, franchement : les barillets conservent l’historique des accès. En les interrogeant, on peut dire que la clé de M. Dugenou a servi à accéder à la salle B125 à 13 h 45. En cas de vol, on a des informations éventuellement intéressantes. Le reste du temps, bof, on doit bien pouvoir prouver avec ça que Mme Lambine arrive à peu près tous les jours en retard, mais on a des moyens plus simples d’obtenir le même résultat.
Question sécurité, les clients cités en référence donnent à penser : quand on vous dit que certes les aéroports de Paris sont un beau marché, mais qu’ils préfèrent mettre en avant tel fabricant d’armes qui utilise leur système pour leurs locaux classés priorité Défense nationale, ça en jette.
OK c’est pas mal, mais combien ça coûte ?
On ne va pas se le cacher, c’est pas brillant. J’ai demandé un devis pour 20 premiers barillets, et les réponses s’échelonnaient entre 10 000 et 22 000 € ! Attention toutefois, ce tarif comprenait forcément des frais initiaux d’entrée dans le système, avec le coût du logiciel et du système mobile de connexion avec les barillets.
A mon avis, à ce prix-là , pour une collectivité territoriale devant équiper entièrement un EPLE, notamment pour une construction neuve, c’est équivalent : en effet, chaque serrure achetée est utile, on n’a pas de réassort à prévoir parce que, deux ans après la livraison, on se rend compte qu’il faut plus de serrures comme-ci et moins de comme-ça.
En revanche, le résultat de mon étude est sans appel : à l’initiative d’un EPLE, à mon avis on n’y arrivera jamais. et c’est bien dommage.
Messages
1. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 10 juin 2013, 13:03, par arkanes
Merci pour ton article très détaillé !
C’est une solution en effet très intéressante malgré son coût de lancement. Je peux abuser en te demandant une copie d’un ou deux devis par mail pour que je puisse commencer à en discuter avec mon ce et le cg ?
Merci !
1. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 10 juin 2013, 21:45, par L’intendant zonard
Mmmhh, j’aime rendre service, mais :
– déontologiquement, à l’égard des entreprises, c’est moyen ; en particulier qu’est-ce qui justifierait que je te transmette plutôt tel devis qu’un autre ?
– mon étude de marché était probablement assez différente de tes besoins, et je pense que ce qu’on m’a indiqué n’est pas extrapolable
– il serait plus approprié de m’envoyer un courriel qu’un commentaire public, pour ce type de demande
2. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 28 juin 2013, 16:23, par valton
bonjour
bon j’avoue depuis que j’ai eu un aperçu des tes talents à la réunion espec eple je consulte ton site plus souvent ;
ce sujet m’interpelle j’ai été restructuré et on (la région avant que je n’arrive) a choisi un fournisseur proposant des barillets électroniques .
ce fournisseur est le suivant Mul...ock
Sur le principe génial !
En pratique warning !!!!
D’abord ne pas généraliser ce système sur tous les barillets c’est casse gueule, très onéreux et avec ce fournisseur au moins très chronophage .Nous avons limité aux portes extérieures - administrations - locaux sensibles et cela nécessite de créer x dérogations pour des tas de bonnes raisons qui pourrissent le côté carré du dispositif : hé oui nos eple vivent !!
La difficulté ( ou une des difficultés ) réside précisément dans le fait que c’est le barillet qui a, l’info id est : pour transférer l’info il faut passer dans tous les barillets concernés ; je ne crois pas trop à la gestion par enseignant et par classe telle qu’on nous la vend , à part si vous avez 6 personnes qui en septembre ne savent pas quoi faire dans vos intendances ;
notre système craint l’humidité ce qui pour des barillets extérieurs et par une année comme celle là est très dommage ...
le remplacement de ces barillets et des clefs s’avère très couteux/ long (fabrication israélienne) .
Donc il faut bien réfléchir à son projet son intérêt , se familiariser avec le logiciel avant l’achat en pensant que ce n’est pas le personnel de loge ou l’op qui va généralement l’utiliser mais l’intendance : une mission cruciale et exigeante de plus ..
bon courage
1. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 28 juin 2013, 18:06, par L’intendant zonard
OK, j’entends le message.
Passer dans tous les barillets concernés pour refaire la programmation, c’est pourtant tout simplement le gardien qui peut le faire lors de la ronde de fermeture, non ?
L’intérêt pour un EPLE de la zone, c’est d’avoir des barillets que les élèves ne boucheront plus, et des clés que les élèves ne pourront plus utiliser après les avoir volées. Ce sont donc les salles de cours qu’il faut protéger ainsi, le reste on s’en tape. Si tes besoins ne sont pas là , alors ils ne justifiaient peut-être pas un tel système, mais je t’assure qu’ici mon article fait rêver les collègues et leurs OP.
NB sur l’IZ on peut citer les marques, si ce n’est pas pour les insulter j’assume totalement de communiquer (une fois c’est de l’info, plusieurs fois c’est de la pub, ai-je appris en animant les ondes de http://www.radiocanut.org/)
3. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 28 avril 2015, 16:24, par Lepra
Bonjour,
entre un clé classique et ces nouveau système de clé magnétique laquelle choisiriez vous ?
Laquelle apporte plus d’avants que l’autre ?
Les clés magnétiques ne sont il pas un effet de mode ?
Merci
1. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 28 avril 2015, 16:37, par L’intendant zonard
Ce n’est pas magnétique, c’est électronique avec une vérification de qui cherche à ouvrir, et enregistrement des passages en prime. Je recommande sans réserve à tout gestionnaire d’EPLE de saisir toutes les occasions pour obtenir un tel matériel, avec depuis l’expérience sur place dans mon dernier établissement, où mon prédécesseur a otenu ce que je n’ai jamais pu faire moi-même à ce jour. Mais en tenant compte des limites que j’indique dans mon article : si vous avez des élèves susceptibles de détruire les serrures à coups de pieds, ne prenez surtout pas des modèles avec le cylindre qui dépasse, mais des modèles compacts impérativement.
4. Ma petite étude de marché sur les serrures électroniques, 17 mai 2017, 16:31, par Fabrice KOCH
Bonjour,
Cette étude est très intéressante effectivement, mais il faut savoir que les fabricants (dont je fais parti), sont légion sur le marché. Chaque fabriquant de clé mécanique a développé son système de clé électronique. Ce n’ai pas un effet de mode, la gestion des clés mécanique coûte une réel fortune si on s’attarde à regarder en détail les coûts, et une clé passe mécanique perdue fragilise votre sécurité.
Pour information, certaines solutions proposent une validation des droits à la clé, plus besoin de programmer les cylindres, mise à jours des clés par une borne ou BLUETOOTH via une appli mobile sur smartphone. De plus il est préférable de partir sur une solution où la pile est embarquée dans la clé et non dans le cylindre, plus simple à changer, certaines ont une autonomie de 10ans.
Je vous conseil de regarder les solution ABLOY CLIQ, qui permet de mixer du mécanique et de l’électronique, une seule clé pour tout ouvrir.