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Les équipements de sécurité incendie en EPLE

samedi 2 décembre 2023, par L’intendant zonard, Philippique

On parle souvent et à juste titre de la sécurité incendie dans un EPLE, mais sur le plan technique cela concerne quels équipements ?

Dans cet article on examine ces matériels souvent assez techniques, mais qui méritent toute notre attention, puisque le risque incendie doit être une préoccupation essentielle de l’adjoint gestionnaire, en particulier dans les locaux de sommeil.

Les principales installations techniques de la sécurité incendie en EPLE

Un Établissement Recevant du Public (ERP), catégorie à laquelle appartient l’EPLE, doit être doté des équipements ou installations suivants :

  • des dispositifs d’alarme et d’avertissement
  • un système de surveillance
  • des moyens de secours contre l’incendie appropriés aux risques

Cet ensemble est relié et piloté le cas échéant par un ou deux équipements appelés parfois centrales incendie. Pour désigner ces centrales, dans un EPLE vous entendrez souvent parler de Système Sécurité Incendie (SSI), ou encore Centralisateur de Mise en Sécurité Incendie (CMSI).

L’article MS 53 de l’arrêté du 25 juin 1980 est plus large car il indique que Le système de sécurité incendie d’un établissement est constitué de l’ensemble des matériels servant à collecter toutes les informations ou ordres liés à la seule sécurité incendie, à les traiter et à effectuer les fonctions nécessaires à la mise en sécurité de l’établissement.

Les installations de sécurité incendie d’un établissement sont ainsi constituées :

  • d’un système de détection et de signalement
  • d’un compartimentage évitant la propagation de l’incendie
  • d’un signal sonore et/ou visuel d’évacuation pour avertir les usagers de la nécessité d’évacuer
  • d’un dispositif de désenfumage
  • d’une mise en arrêt automatique de certains appareils techniques comme les ascenseurs

En très, très résumé, cela consiste généralement et concrètement en une série d’équipements :

  1. Un réseau de détecteurs de fumée et d’incendie
  2. Un ensemble de déclencheurs manuels actionnés en cas de découverte d’un incendie
  3. Des extincteurs disposés aux endroits requis par la réglementation
  4. Un boîtier, ou centrale, ou SSI qui est en mesure de renseigner sur l’état de fonctionnement des détecteurs, et en cas d’alerte sur la localisation du détecteur ou du déclencheur est à l’origine de l’alerte
  5. C’est ce SSI qui déclenche la fameuse alerte incendie prisée de nos chers élèves les vendredis avant les vacances. Il y a généralement une temporisation (avec une vigilance et un accord des pompiers pour les locaux de sommeil) qui permet d’aller vérifier rapidement que cela ne correspond pas un déclenchement malveillant et de lever le doute.
  6. Un système asservi de portes coupe-feu, trappes de désenfumage, extracteurs de fumée et autres, qui sont également actionnés en cas d’alerte par le Centralisateur de Mise en Sécurité Incendie (CMSI) lui-même piloté par la centrale ou SSI.

À signaler également les blocs autonomes d’éclairage de secours (BAES) qui permettent de guider les personnes vers les itinéraires d’évacuation en cas de coupure de courant ; ainsi que les reports d’alarme à différents endroits : logements de fonction, portable des agents de maintenance (ou OP) ou chambres des AED d’internat par exemple.

Pour en savoir un tout petit peu plus sur ces équipements

1. Les détecteurs de fumée

Un établissement scolaire, aux termes de la réglementation actuelle, n’est pas nécessairement équipé de détecteurs de fumée : ils ne sont de rigueur que pour les locaux de sommeil, donc les internats. Deux modèles existent :

  • les détecteurs optiques, ou photoélectriques, qui repèrent une variation dans l’opacité de l’air ambiant
  • les détecteurs ioniques qui, eux, mesurent une variation de charge électrique (ionisation de l’air)

Il faut mentionner ici d’anciens modèles de détecteurs qui ont été normalement retirés du service : ceux à source radioactive. Une miette de matière radioactive était regardée par un détecteur approprié, et une fumée ralentissait le flux radioactif, déclenchant l’alerte. Ce système était performant et fiable, mais a été retiré du service dans les années 2000, quand il a été considéré que toute dissémination de matières radioactives dans la société devait être évitée. Si vous avez de vieux détecteurs d’incendie non retirés au plafond, ou au fond d’un tiroir, il se peut alors que vous ayez besoin de le faire évacuer par l’ANDRA, agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

La plupart de nos EPLE sont équipés en détecteurs optiques. Ces détecteurs sont connectés entre eux et au SSI par une boucle de détection, ou un BUS rebouclé où chaque détecteur correspond à une adresse précise.

On arrive déjà sur des éléments un peu trop techniques. Ce qu’il est important de savoir c’est que un détecteur HS peut mettre en péril la sécurité incendie. C’est pourquoi le SSI, dans ce cas, fait remonter une alarme dérangement qu’il faut traiter au plus vite afin de rétablir la sécurité de l’EPLE.

En pleine nuit, et alors que les reports d’alarme ’sifflent’ un peu partout dans les logements il peut s’avérer intéressant de connaitre la procédure afin de ’sortir’ un détecteur de la boucle. C’est moins mauvaist que de mettre le SSI en veille restreinte, ce qui doit rester une procédure très exceptionnelle à réserver aux urgences, et en tout état de cause qui ne devrait jamais arriver la nuit. Sauf à assurer un service de surveillance incendie via des rondes régulières.

Un article sur le sujet des chefs d’établissement qui demandent à passer en veille restreinte afin de ne plus avoir d’alarme intempestive. Et un autre ici

2. Les déclencheurs manuels ou DM

Ces petits boitiers rouges que nous connaissons bien répondent aux caractéristiques suivantes :

  • ils sont accessibles à tout public, pour le meilleur et pour le pire
  • leur déclenchement ne fournit guère de précision sur le lieu et la réalité de l’incendie
  • les DM doivent être disposés dans les circulations, à chaque étage, près des escaliers ou des issues, et ne doivent pas être dissimulés
  • les DM sont reliés selon la catégorie de l’ERP au SSI, avec une alerte et généralement une temporisation de quelques minutes qui permet de lever le doute en se rendant sur place (muni de la petite clé qui permet le cas échéant de réarmer ce DM) afin d’éviter le déclenchement infondé des sirènes

Un moyen de se prémunir contre les déclenchements volontaires et malveillants : le produit schtroumf. Les déclencheurs manuels d’alarme incendie sont facilement identifiables sur les plans de sécurité incendie.

3. Les extincteurs

Le code du Travail ainsi que la réglementation ERP (article MS 39 de l’arrêté du 25 juin 1980 imposent de positionner, au minimum, un extincteur à eau de 6 litres par tranche de 200 m² et par niveau.

Quel extincteur pour quels risques ?

  • Classe A : les feux de produits « solides » ou « secs » et « braisants » : Papier, bois, vêtements…
  • Classe B : les feux de liquides ou de solides liquéfiables : essence, hydrocarbures, solvants, paraffine, etc. Les feux d’origine électriques sont également classés dans cette catégorie
  • Classe C : les feux de gaz comme le propane, le butane, l’acétylène ou le gaz naturel par exemple
  • Classe D : les feux de métaux : magnésium, sodium, etc. mais également feux provoqués par l’embrasement de copeaux ou de poussière de fer
  • Classe F : les feux d’huiles ou de graisses servant d’auxiliaire de cuisson

Les extincteurs à eau sont efficaces sur les feux de classe A et B
Les extincteurs à poudre sont efficaces sur les feux de classe A, B et C
Les extincteurs à CO2 sont efficaces sur les feux de classe B

4. Le système de sécurité incendie ou SSI

C’est le "cerveau" en quelque sorte de système de détection incendie vers lequel remonte toutes les informations.

Il a au moins quatre rôles :

  1. renseigner sur l’état du système de détection incendie : un détecteur HS est signalé par ce SSI, tout comme un déclencheur manuel enfoncé ou des trappes de désenfumage qui sont restées ouverts ou encore la batterie de secours de ce SSI qui doit pouvoir bien sûr fonctionner en cas de coupure de courant
  2. localiser l’apparition d’un incendie en indiquant la zone et la localisation du détecteur ou déclencheur activé
  3. déclencher l’alarme incendie après une temporisation qui permet de vérifier qu’il ne s’agit pas d’une alarme intempestive : au hasard une entreprise qui soude sans permis de feu et à proximité d’un détecteur ; ou des élèves internes qui font une raclette le soir à la cantine juste sous un détecteur ; bref, des choses vécues
  4. déclencher une série d’équipements permettant de lutter contre la propagation de l’incendie : ventouses des porte-coupe-feu, trappes de désenfumage et autres.

Ne vous laissez pas intimider par l’aspect peu engageant de ces bidules.

Un peu de bon sens permet de comprendre le fonctionnement qui vous sera expliqué par l’assistant de prévention de l’établissement ou l’agent chargé de la maintenance ou mieux le technicien de maintenance de ce SSI qui est régulièrement vérifié.

Un bon adjoint gestionnaire d’EPLE doit s’approprier le fonctionnement de cet équipement, en particulier de manière à s’assurer que chaque personne travaillant sur le poste d’accueil sache précisément comment agir et réagir lorsqu’un événement se produit.

Naturellement, le SSI n’a strictement rien à voir avec une éventuelle centrale anti-intrusion, même s’il arrive que la maintenance puisse être assurée par le même prestataire.

Les vérifications et maintenances obligatoires de ces équipements

Tous ces équipements doivent être toujours en parfait état de fonctionnement. Pour s’en assurer, il existe plusieurs moyens :

  • des vérifications quotidiennes par une personne (généralement celle chargée de l’accueil) du bon état de fonctionnement du SSI
  • des vérifications régulières, hebdomadaires ou mensuelles, par l’assistant de prévention ou l’agent de maintenance, des BAES, des portes coupe-feu, de la présence des extincteurs etc.
  • des maintenances et vérifications dites obligatoires et souvent annuelles par des organismes habilités (le certificat APSAD est obligatoire pour intervenir sur un SSI ou un CMSI)
  • une certification tous les trois ans par un organisme de contrôle, qui apporte la garantie de bon fonctionnement et permet éventuellement de détecter un défaut dans le travail de maintenance
  • les exercices incendies trimestriels, voire d’autres tests que vous voudriez conduire vous-même lorsque l’établissement est vide
  • les visites de la commission communale de sécurité et d’accessibilité

Le bon état de fonctionnement de ces installations est primordial, car si elles ne sont pas fonctionnelles, la sécurité des personnes n’est plus garantie, et la responsabilité des cadres de l’établissement, donc de l’adjoint gestionnaire, peut être engagée.

Un prérequis obligatoire et indispensable : le bon état de fonctionnement de l’installation

S’il y a bien une chose à ne pas négliger dans un EPLE de la part de l’adjoint gestionnaire c’est la sécurité incendie. La mémoire sinistre du collège dit Pailleron avec 20 morts dont 16 enfants suffit à nous rappeler qu’on ne saurait négliger de quelque manière la sécurité incendie dans un EPLE. [1]

La réglementation exige un contrat de maintenance avec un prestataire, plus une vérification triennale par un cabinet indépendant chargé de s’assurer que l’installation est correctement maintenue.

Le bon état de fonctionnement est habituellement matérialisé par un témoin lumineux vert unique ; aucun autre voyant ne doit être allumé sinon il y a un défaut à corriger rapidement.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur la maintenance d’un SSI dans un EPLE, mais ce n’est pas l’objet du présent article, comme :

  • les plans d’intervention pour les pompiers qui doivent obligatoirement être disponibles à l’accueil
  • L’implantation du réseau de diffuseurs sonores (haut-parleurs).
  • les exercices trimestriels à réaliser, dont un dans le premier mois de l’année scolaire
  • le contrôle régulier de l’éclairage de secours
  • les permis feu
  • le passage de la commission de sécurité

[1Il n’y a pas eu plus de victimes parce que l’incendie a eu lieu tard en fin de journée, mais techniquement il aurait pu y en avoir vingt fois plus. Qu’il soit dit ici que le personnel de cet établissement, à l’époque, n’était nullement en cause, et que c’est la conception et la réalisation de ce bâtiment, à la va-vite et à l’économie, qui cumulaient toutes les erreurs et mauvaises pratiques

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