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Description de la prépa-des-potes et programme de travail
jeudi 10 septembre 2009, par
La prépa-des-potes, c’est un groupe de copains qui se sont alliés pour passer l’APAE à la session 2010, après que l’IZ l’a obtenu l’année précédente. Depuis, chaque année, l’aventure continue. Cet article a surtout vocation à éviter de répéter chaque année les mêmes choses aux nouveaux prépas, et au passage, la méthode de travail sera accessible à tous·tes.
Étapes du travail de la prépa au fil de l’année
- inscriptions : la dernière semaine d’août, sur le forum des gestionnaires, un appel aux candidats est lancé. Ils doivent réussir une épreuve implacable : faire parvenir, en temps et en heure un courriel à l’IZ lui demandant de participer. Ceux qui ne réussissent pas sont impitoyablement rejetés.
- préparation des RAEP, de septembre à novembre : les prépas envoient leur projet de RAEP aux coaches, qui le renvoient avec toutes les corrections jugées nécessaires
- check inscription à l’examen en octobre : on s’assure que personne ne fait l’andouille et laisse passer la date d’inscription à l’examen pro
- check envoi du RAEP en novembre : même chose avec l’envoi du dossier
- phase de la préparation de la présentation orale en décembre et janvier : les prépas font corriger leur projet de plan de leur discours de dix minutes
- oral blanc, un dimanche du mois de janvier : les bonnes années sans Covid, on se retrouve pour une journée d’entraînement
- dernier sprint de culture générale en février-mars : chaque candidat est chargé de la rédaction de plusieurs fiches de synthèse, partagées et corrigées de manière croisée entre prépas
Qui anime la prépa-des-potes ?
Les coaches sont des lauréats des années passées, qui restituent aux petits jeunes le soutien dont ils ont bénéficié de la part de grands anciens qui depuis sont tous devenus administrateurs hors-classe, ou pas loin. En moyenne une demi-douzaine de collègues s’y emploient chaque année. Leur boulot consiste à relire les travaux qu’on leur envoie, et y répondre le plus vite possible, en ne mettant surtout pas de gants : on est entre potes, on se dit tout sinon c’est pas la peine.
Parmi les candidats, on recherche chaque année un·e volontaire pour le rôle d’animateur de la prépa. Son rôle est de battre la cadence, comme le tambour aux galères : iel relance les prépas qui n’envoient pas leur travail, et demande gentiment aux coaches qui semblent ne pas répondre assez vite que ça serait chic de faire un effort.
Moyens de communication
Nous communiquons principalement par courriel. La communication asynchrone permet à chacun·e de se pencher sur le sujet à un moment adapté. Si les prépas veulent échanger entre eux des coordonnées pour former un groupe dans les zérosociaux, libre à eux, mais c’est sans l’IZ. L’animateurice est aussi invité à créer un espace Tribu, ou équivalent, où les prépas peuvent s’échanger des documents.
Il est très apprécié de mettre [Prépa-des-potes] dans l’objet de vos courriels. Cela fait gagner un temps fou, à tout le monde !
Diffusion des informations
Les échanges de la prépa sont de la correspondance privée. Chaque participant à l’aventure s’engage moralement à ne rien diffuser, rien conserver des informations personnelles que les prépas peuvent s’échanger. Si j’en avais fait une base de données pour "réseauter", j’aurais de quoi lancer une insurrection je crois, mais je supprime toutes les pièces jointes de tous les messages reçus et envoyés, quand les résultats de l’examen tombent.
La prépa ne souhaite pas diffuser "le RAEP parfait" : ça n’a aucun sens. Chaque carrière, chaque profil, chaque projet est profondément individuel, et doit présenter une cohérence interne forte. C’est plus important qu’une supposée adéquation aux "attentes" d’un jury qui ne recruterait qu’un profil bien précis. Parfois, après anonymisation, il m’est arrivé de montrer un dossier comparable au sien à un candidat qui n’arrivait vraiment pas à embrayer. Mais c’est du sur-mesures, nécessairement.
Ensuite, les prépas échangent entre eux, de pair à pair, loin de ces méchants coaches qui leur disent tout ce qui ne va pas, et c’est bon pour le moral. Moi à leur place je ferais ça par téléphone, mais je dois être un dinosaure du XXe siècle...
Objectifs pédagogiques
La prépa-des-potes se donne quelques objectifs simples :
- offrir une préparation à des gens qui, parce qu’ils sont au mauvais endroit au mauvais moment, ne peuvent pas bénéficier d’une prépa concours assurée sur fonds ministériels
- donner des petits coups secs avec un marteau bien pointu sur le plafond de verre, et donner d’authentiques chances de progresser à celleux qui ont commencé leur carrière dans les "petits grades", et ont plus de mal à se positionner comme APAE
- contribuer modestement à élever le niveau général de compétence et de loyauté des fonctionnaires dans le MEN, et construire la fierté de faire partie des meilleurs : ceux qui triment en EPLE.
Préparer son RAEP avec la prépa-des-potes
Merci d’observer le plus scrupuleusement possible ces règles :
- Commencez tout de suite, dès septembre. La meilleure prépa ne peut pas vous aider en une semaine.
- Mais jeû suis pas prêt·e, il est pas bon mon premier jet de RAEP ! C’est bien d’en être conscient·e, mais ça sera tellement mieux de savoir pourquoi ce n’est pas bon ! Donc il faut envoyer son projet dès le premier jet, relu comme la politesse l’exige, mais ça n’intéresse pas les coaches de juste relire pour dire "OK de toutes manières c’est trop tard" après que le candidat a progressé tout seul.
- n’envoyez que des projets de RAEP complets : il est important que les coaches puissent relire le dossier dans sa cohérence. Relire votre rapport d’activité et votre conduite de projet sans la mise en perspective par les parties 2 et 3 sur votre déroulé de carrière et les formations que vous avez suivies, c’est tout simplement impossible.
- envoyez-nous vos RAEP à relire au format source, pas en PDF : en effet on vous les renvoie avec des corrections et des commentaires. Longs et bavards. Le faire sur du PDF est pénible, et pas réutilisable pour vous.
Notez que, dans les commentaires, les coaches ne prendront pas de gants. Mon habitude, c’est de me mettre dans le rôle d’un jury de mauvaise humeur, et d’écrire en commentaire tout ce qui me passe par la tête. Vous risquez donc de lire, en rouge sur votre copie "mais c’est khon d’écrire ça !". Entre potes on peut tout se dire, et on ne prend pas de gants par ce qu’on n’a pas le temps. Et puis ça ne sert à rien de m’en vouloir : c’est pas moi, c’est le jury de mauvais poil qui l’écrit.
Votre RAEP fera l’objet de plusieurs versions successives, qui seront relues chacune par des personnes différentes. Les coaches se contredisent entre eux ? C’est normal. Et de toutes manières, c’est votre RAEP, alors dans tous les cas vous avez le choix, le libre arbitre. Les coaches vous disent ce qu’ils pensent non optimal, mais si vous savez comment défendre ce que vous écrivez, on s’en fiche de vous ne teniez pas compte de nos remarques. Ça fait même partie des attendus de l’attaché principal, la confiance en soi et la stabilité dans les bottes (jusqu’à un certain point).
Dernière observation : à travers le RAEP les coaches vont commencer à bien vous connaître. Enfin moi en tout cas j’oublie tout en moins d’une semaine, vous êtes trop nombreux. On va donc aller vous chercher là où ça gratte. Il faut que vous progressiez. Outre le côté un peu brutal du "jury de mauvais poil", il y a aussi le désir de vous faire réfléchir sur vous, votre carrière, votre rapport à la hiérarchie (en-dessous et au-dessus), au Service public, vos valeurs... Alors ça démange. Et tirez-en cette conclusion : préparer l’APAE avec les potes, ce n’est pas du travail au sens de labeur qui prend du temps. Mais c’est avant tout un travail sur vous-même, qui a besoin de temps, d’où l’importance de commencer tôt. Ce n’est pas fatigant, pas incompatible avec l’exercice de notre métier qui ruine la santé et le moral. Et cela ne prend rien de ce qui vous reste de vie de famille etc.
"Pfff c’est trop dur, je viens de prendre un poste de ***, j’arrive pas à me préparer"
C’est faux ! Les infaillibles statistiques zoniennes situent à 74,26 % le surcroît de chances de décrocher le principalat justement l’année où l’on vient de muter, changer de missions, se prendre une bonne galère. En effet, rien de mieux que ce type de situation pour être obligé à se remettre en question, à réfléchir sur ses pratiques, à conscientiser, formaliser tout un tas de choses. Donc si vous faites ça pour le taf, eh bien ça bénéficie immédiatement à votre positionnement pour l’oral d’APAE. En faisant juste votre boulot, vous augmentez vos chances de réussite.
La prépa, qui ne requiert pas énormément de boulot par elle-même, n’est là que pour vous rappeler que les choses qui vous arrivent sur le terrain doivent être regardées avec des lunettes couleur concours. Ça ne consomme pas de temps, presque pas de charge mentale, voire ça peut l’alléger.
Le bêtises qu’il y a tout le temps dans les RAEP (et les plans d’oral) et pour lesquelles vous vous ferez insulter
- Ne donnez pas de leçons au jury. Toute phrase contenant une "vérité révélée" sera immanquablement repérée. Les remplissages tartignoles du genre "un bon attaché doit être conscient de...", "il est important que le SG EPLE soit attentif à...", à tous les coups le jury de mauvais poil s’appliquera à vous soutenir exactement le contraire, juste pour vous apprendre à ne pas le bassiner avec des trucs soit qu’il sait déjà, soit qui sont contestables.
- Pas de jugements de valeur : ni sur vous, ni sur votre hiérarchie, ni sur ceux que vous encadrez. Mais des évaluations. Vous ne comprenez pas la différence ? Il va falloir travailler.
- Pas non plus de déploration sur les moyens insuffisants, le prédécesseur qu’était une tanche, les politiques ministérielles qui se succèdent et se contredisent, les CT et leur cerveau de dinosaure. D’abord tout le monde sait cela et ça n’apporte rien, ensuite c’est déloyal envers l’institution. Ce qui est intéressant en revanche, c’est de montrer comment vous parvenez à trouver la voie étroite quand les contraintes se multiplient. Tout l’objectif du RAEP, c’est de montrer ce que vous apportez qu’un autre idiot n’aurait pas fait à votre place. Quand c’est amené de manière cohérente avec votre parcours, votre formation, vos centres d’intérêt, vous avez marqué un point décisif.
- Les RAEP qui décrivent l’activité normale d’un gestionnaire d’EPLE, en laissant entendre que c’est merveilleux, ceux-là je leur réponds : surtout reste là comme ça, on est contents et on ne t’augmentera pas. Il est nécessaire d’aller chercher la plus-value, ce qui sort de la trace.
- Rien de plus odieux que les RAEP de ces gens qui n’ont pas de chef et travaillent tout seuls, parce qu’ils le veulent bien, inventent tout eux-même des orientations qu’ils appliquent. Comment voulez-vous qu’on vous nomme à l’encadrement supérieur, alors que vous donnez l’impression de ne jamais avoir eu le moindre intérêt pour ces gens-là, et que vous les snobez ostensiblement dans votre rapport !?
- À l’inverse, ne même pas faire mention des personnels que vous encadrez, parce que vous êtes trop occupé·e à démontrer que c’est vous qui faites tout, c’est idiot et contreproductif. Vous démontrez que vous ne valez rien comme cadre, que vous n’êtes pas capable de déléguer, que vous manquez de respect pour les personnes que l’on vous confie.
- Enfin, quand on exerce dans un EPLE au moins, je trouve ça assez fort de réussir à bavarder pendant quatre pages/dix minutes sans jamais parler des élèves, des parents, des profs.
- L’ambition petit bras : on ne passe pas l’APAE pour passer de gestionnaire de collège à gestionnaire du LP voisin. Le principalat c’est le vivier des emplois fonctionnels. Donc on se fiche un peu de ce que vous comptez faire dans deux ans. La question à laquelle répondre, c’est dans dix ans : vous vous voyez plutôt AC du plus gros lycée de la région avec Greta et mutu, ou bien secrétaire général d’académie, ou prévoyez-vous de bifurquer comme DGS d’une fac ?
RAEP/plan oral : chronologique ou pas ?
Tout est possible. Je recommande toujours aux candidats de se mettre à la place du jury. D’abord parce que ce sont justement des APAE ou plus, c’est donc le ferment de la réussite en général. Mais se mettre à leur place, c’est aussi imaginer le nombre de candidats qu’ils liront et écouteront. Autant leur offrir un peu de variété dans ce morne monde, vous ne croyez pas ? Donc dérouler sa carrière de la fin des études jusqu’à la semaine dernière, OK c’est possible. Mais ce que feront tous ceux qui ne se préparent pas. Vous pouvez chercher quelque chose de mieux.
Même si vous ne trouvez rien de spécialement intéressant, le fait d’avoir cherché vous aura obligé à observer votre carrière avec un regard différent. Et cela vous aide à réussir. En tout cas j’attribue l’essentiel de l’effet de notre prépa-des-potes à ce genre de pas de côté. Faites cet effort ! Mieux, faites-le deux fois : un plan différent pour le RAEP (partie 4) et pour la présentation orale. Ça n’est jamais nécessaire, mais c’est souvent utile.
"Pfff c’est facile quand on a un gros dossier, moi j’ai fait que trois collèges..."
C’est faux. Quand on tient à faire bien, à apporter un peu de son génie personnel au service, même en six ans dans un collège sans intérêt, on a eu cent occasions de faire des choses qui seront intéressantes à entendre pour le jury.
Il est vrai que certains candidats sont déjà sur des postes relevant de l’APAE. Sauf que chaque année il y en a qui se font dégommer ! Soit qu’ils estiment ne pas devoir se préparer "parce qu’on leur doit vu qu’ils font déjà le job", soit qu’ils posent de gros problème de positionnement (voir notamment les bêtises ci-dessus), des collègues au parcours "gras" se font bloquer. Ils finiront souvent par l’avoir par le tableau d’avancement, quelques années plus tard.
Check des envois de RAEP au serveur avant la date
La prépa bat le rappel de tous les candidats pour éviter les accidents idiots (et les actes manqués !). Objectif : tous les RAEP envoyés. Même si le boulot n’était pas fini et le dossier pas encore fameux, c’est pas grave. Vu le temps que les membres du jury ont pour le décortiquer, un dossier qui a déjà passé deux ou trois corrections de coaches de la prépa-des-potes est normalement déjà bien au-dessus de la ligne de flottaison. Donc tout le monde envoie, épicétou. L’animateur est chargé de ce rappel, comme celui de l’inscription à l’examen de toute la liste, deux mois avant.
Préparer son oral avec la prépa-des-potes
Écoutez quinze ans d’expérience : il ne faut pas rédiger sa présentation orale. Je reformule : CEUX QUI RÉDIGENT LEUR PRÉSENTATION ORALE SERONT PENDUS PAR LES PIEDS. La prépa vous prépare à un oral. Il est rigoureusement impossible de ne pas massacrer son oral si l’on écrit ce que l’on envisage de dire : soit vous faites du par cœur, ça se voit, et le risque est extrêmement élevé d’avoir un trou au pire moment ; soit vous connaîtrez la malédiction de vous dire, à la fin de chaque phrase, que ce que vous venez de prononcer est moins bon que le texte que vous aviez préparé. Eh oui, l’écrit c’est mieux, c’est un type qui tient un site web de 1200 articles qui vous le confirme. Mais l’épreuve est une épreuve orale, alors on fait comme c’est marqué sinon je mords.
Concrètement, comment s’entraîner à l’oral par courriel, donc par écrit ? J’ai la réponse : vous devez établir le plan détaillé de votre intervention. Un squelette, dont vous devrez retenir avec précision les articulations. Vous avez le droit de prévoir une ou deux punchlines, mais en dehors de cela, le plan ne doit contenir aucune phrase, que des idées qui s’articuleront de manière fluide, à l’oral.
Cet élément est essentiel dans notre méthode. Ceux qui le contournent ne se donnent pas toutes les chances. Et ça m’énerve.
Passer un oral blanc entre potes
Un dimanche de janvier, on se retrouve pour une journée marathon, lors de laquelle on réussira, au mieux du maximum, à faire passer dix personnes sur le gril. Nous nous efforçons de réunir un jury de haute volée, composée de gens qui auraient pu être au jury de l’examen (mais n’y seront pas) : préfet, DGS de grande université, IA-IPR, chefs de div’, chefs d’établissement parmi les très bons...
C’est organisé dans l’EPLE d’un collègue accueillant avec force thé et café, et souvent un radiateur électrique parce que le dimanche en janvier dans un EPLE, il ne fait pas souvent chaud. La date est calée par sondage. Il est arrivé qu’une session décentralisée se monte (à Marseille, puis à Lyon), alors les prépas dégourdis, montrez ce que vous savez faire !
On a eu tenté de prendre une ou deux personnes en visio lors de ces journées, mais même maintenant que la technique est raisonnablement fiable, ça n’a vraiment pas beaucoup de goût. En revanche, faire des visios entre prépas au fil de l’année, c’est certainement efficace et agréable.
Blinder sa culture avec la prépa-des-potes
Une fois l’oral blanc passé, les prépas se voient mis au défi de sortir des "fiches de synthèse" sur les sujets les plus divers et tordus. L’objectif est de produire au maximum deux pages pour résumer ce qu’un honnête cadre de la fonction publique devrait savoir.
Délibérément, on demande à des gens qui ne connaissent pas le sujet de rédiger la fiche ; puis la fiche est envoyée à tout le groupe, et celui qui connaît bien le sujet peut alors critiquer et corriger le travail. Si chaque prépa produit trois fiches, il pourra statistiquement en critiquer avec pertinence trois autres, et en lire une cinquantaine "en consommateur".
Ces fiches ne sont pas vitales, mais dans les dernières semaines avant l’oral, elles évitent à certains candidats de stresser, de se reprocher de ne pas se préparer etc. Avec un peu de chance, vous en aurez retenu de quoi bluffer le jury si vous amenez la discussion sur l’un de ces sujets.
Liens vers l’inscription etc.
https://www.education.gouv.fr/examen-professionnel-d-avancement-au-grade-d-attache-principal-9116
IntendanceZone
Messages
1. Description de la prépa-des-potes et programme de travail, 11 septembre, 12:06, par Patronette
Pour la préparation de l’oral, sachez qu’après l’avoir passé un certain nombre de fois (je connais tous les étages et couloirs du SIEC), je l’ai réussi l’année où mécontente de la présentation j’en ai changé la structure dans la salle d’attente. ^^