Accueil > Initiatives écologiques > Biodiversité et vivant > Lutter contre les invasions > Lutter contre la Chenille processionnaire

Lutter contre la Chenille processionnaire

vendredi 15 août 2025, par L’intendant zonard

Aux termes de l’article D1338-1 du code de la Santé publique, cinq espèces sont réglementairement déclarées comme constituant "une menace pour la santé humaine" : trois espèces d’Ambroisie (l’IZ y reviendra) et deux espèces de chenilles processionnaires.

On lutte pour l’environnement, là ?

Je me suis posé la question de la pertinence de classer cet article dans la présente rubrique sur l’écologie pour favoriser la biodiversité. Le fait est que, selon la loi de notre beau pays qui n’en est pourtant pas avare, les chenilles processionnaires sont les seuls animaux menaçant la santé publique. À l’heure où j’écris en tout cas, on n’y mentionne ni le grand Requin blanc, ni le Moustique-tigre...

Quand vous aurez lu ce qui suit, vous n’aurez plus de doute sur votre impérieux devoir de ne pas laisser ces animaux s’installer dans votre établissement. La question suivante, c’est de ne pas de faire n’importe comment : que cela soit efficace, et pas un massacre d’autres espèces inoffensives, notamment.

Les chenilles sont urticantes

La défense que ces petites bêtes (jusqu’à 5 cm de long quand même !) ont trouvé pour pouvoir survivre dans ce monde de brutes, c’est de se doter de poils empoisonnés leur recouvrent tout le corps. Contenant de la thaumétopoéine, ces poils de chenilles déclenchent des réactions cutanées fortes et instantanées, pas qu’aux personnes sujettes aux allergies.

Blessures causées par les poils de chenilles processionnaires

Un chien assez bête pour mordre dans une chenille processionnaire a de sérieuses chances d’en mourir. Pis, ces poils se dispersent dans l’air, puis se déposent sur les surfaces et objets. Ils peuvent donc causer des dommages même à ceux qui se sont tenus à distance des animaux, et ce même hors de la période où l’on avait pu voir la procession.

Bref, si ces bestioles sont présentes dans votre EPLE, le risque est élevé que des parents fassent plein d’histoires quand un élève présentera des symptômes. S’il n’y avait que les cas bénins, avec un peu de crème à l’infirmerie scolaire, on pourrait presque laisser faire. Mais il y a les cas graves, les allergies : il y a des morts par choc anaphylactique, des déclenchements de crise d’asthme, des pertes de vue suite à des irritations de l’œil qui dégénèrent... Donc le lapin éco-warrior n’hésite pas à vous le dire : on dézingue ces bestioles, épicétou.

Il convient de le mentionner aussi : c’est pas très bon, ces centaines de chenilles qui mangent les feuilles d’un chêne ou les aiguilles d’un pin. Cela fait pas mal souffrir ces arbres, une infestation importante peut vous les faire perdre.

Caractère obligatoire

Au-delà de la logique de responsabilité évoquée supra, le code de la Santé publique donne le pouvoir aux préfets pour prendre des arrêtés concernant les processionnaires, qui concrètement donneront obligation aux gestionnaires des espaces verts d’activement les détruire. En 2025, ce sont les régions de Bretagne, Normandie et Grand-Est ainsi que le département du Loir-et-Cher qui sont concernés.

Mais il est extrêmement probable que votre collectivité de rattachement ait son propre avis sur la question, et agisse déjà pour le contrôle des populations de chenilles dans les lieux relevant de sa responsabilité, dont les EPLE bien évidemment.

Le cycle de vie de cette espèce

Deux espèces existent en France : celle qui colonise les pins, et celle qui s’installe dans les chênes. Typiquement, la processionnaire vit de la manière suivante :

  1. un papillon vole en l’air et pond des œufs en hauteur dans l’arbre, la nuit en été
    Papillon de la chenille processionnaire
  2. les larves éclosent puis bouffent les feuilles de l’arbre, de l’automne au printemps
  3. quand elles sont suffisamment grandi (de mi-avril à fin mai) elles descendent le long du tronc, puis se baladent à travers les lieux en formant cette très caractéristique procession
  4. elles s’enterrent quelque part pour préparer leur transformation en papillon

Les phases de la lutte

Au stade du papillon reproducteur, rien à faire : c’est court, de nuit, en été et donc pendant les vacances, rien à faire à ce moment-là. On notera toutefois qu’avoir une belle population d’oiseaux prédateurs sur le site (mésanges, hirondelles, mais aussi les chauves-souris) permet de pas mal réguler.

Quand les larves sont sur l’arbre, on peut identifier et détruire les nids dans lesquels elles s’enferment de jour. Ce sont de drôles de lanternes en soie. Là il est possible de les retirer, mais avec deux problèmes : c’est urticant et il faut que celui qui fera ce travail soit soigneusement protégé (combinaison intégrale, au strict minimum de bons gants et des lunettes de protection) ; c’est la plupart du temps en hauteur.

Nid de chenilles processionnaires en hauteur dans un pin

Concrètement dans un pin de bonne taille c’est inaccessible, mais vous pouvez en avoir sur de jeunes arbres ou sur des sujets bas. Dans ces cas le retrait des nids est la meilleure action possible, car le piégeage du tronc n’est pas pratique en-dessous d’un certain diamètre. Je mentionne une autre méthode de lutte : faire le job contre le dérèglement climatique ! En effet, la processionnaire est en train de coloniser toute la France métropolitaine, au fil de la raréfaction du gel hivernal.

Encore sur la phase en haut de l’arbre, le prestataire avec lequel mon lycée travaille assure une aspersion des pins avec une bactérie qui flingue les chenilles, Bacillus thuringiensis. Concrètement, un véhicule utilise une sorte de canon à eau qui disperse une culture de ce microorganisme sur les arbres. C’est un travail pointu car il y a des moments bien précis pour le faire, pour ne pas polluer avec des bactéries là où elles ne sont pas utiles, et pour qu’elles soient bien actives. Pour traiter 17 pins dans notre parc, j’en ai pour 750 € TTC.

C’est lors de la descente le long du tronc que la prise de contrôle de l’infestation est la plus efficace et répandue. Un cercle est placé autour du tronc, qui contraint les chenilles à descendre dans un sac contenant un peu de terre. Enfermées dans ce sac, croyant avoir atteint leur objectif, elles se mettent en phase de transformation. Il suffit d’éliminer ce sac avant de partir en congés d’été, et de ne pas oublier d’en remettre un pour la saison suivante. Aucun produit chimique n’est nécessaire.

Piège à collier sur un tronc de pin

Ces pièges coûtent quelques dizaines d’euros chacun, on les trouve dans les jardineries. Notez tout de même que ce mode de lutte suppose que les chenilles ont pu boulotter les feuilles de vos arbres pendant le printemps, libérant dans l’air une certaine quantité de leurs poils urticants : on n’est pas à l’abri de tout problème.

Quant au ramassage des chenilles quand elles sont déjà en procession, c’est carrément dangereux. Si vous n’avez pas vu le coup venir et qu’il y une procession en plein milieu de l’école, en présence des élèves, cela risque d’être nécessaire malgré tout. Il semble que l’utilisation d’un aspirateur soit raisonnable, en tout cas s’il filtre fortement l’air expulsé. Un aspirateur avec sac, qui sera promptement mis dans un autre contenant étanche avant d’être envoyé à l’incinération, semble préférable. Si vous demandez l’intervention d’un spécialiste, pour l’élimination des nids ou des processions, il est probable qu’il sera équipé d’un aspirateur spécifique.

Pour approfondir : https://chenille-risque.info/comment-lutter-contre-les-chenilles-processionnaires/


Voir en ligne : Observatoire des chenilles processionnaires

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.